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10 octobre 2019 à 15h35 #4574DivamaParticipant
Footgate
Le jour où le visage du foot belge a basculé
Introduction“Si on ne peut plus tricher avec ses amis, ce n’est plus la peine de jouer aux
cartes”. Les mots ont été écrits par Marcel Pagnol mais pourraient parfaitement
s’appliquer au petit monde fermé du football belge. Douze ans après l’affaire
Zheyun Ye, notre pays a une nouvelle fois été confronté à la dure réalité du
ballon rond, où les petits arrangements entre amis et les magouilles s’organisent
parfois sans aucun scrupule.C’était le 10 octobre 2018 et depuis cette date, plus rien n’est vraiment
comment avant. Le Footgate a volé le peu d’insouciance qu’il restait aux fans
de foot. Une affaire complexe, aux multiples ramifications. Avec une première
enquête qui comprend deux volets, et une deuxième dont on sait encore peu de
choses.Plusieurs agents de joueurs sont en première ligne. Mogi Bayat, un homme qu’on ne
présente plus. Le “Monsieur transferts” en Belgique, par qui tout transite, et
qui aurait manipulé plusieurs transferts pour maximiser ses commissions à l’insu
des joueurs et des clubs concernés. Mais aussi un certain Dejan Veljkovic, un agent
serbe relativement méconnu et soupçonné d’avoir imaginé des constructions pour
s’octroyer des commissions cachées, ainsi que des primes occultes, sur plusieurs
transferts.Et c’est justement en fouinant dans les affaires de Veljkovic que l’enquête a
pris une tournure inattendue. Les enquêteurs ont ainsi découvert qu’il avait le
bras bien plus long qu’ils ne l’imaginaient lorsqu’il a tout tenté pour
permettre au FC Malines de se sauver, en s’arrangeant avec des dirigeants de clubs
ou en se rapprochant de deux arbitres. La raison est simple: le Serbe possédait
plusieurs joueurs de l’équipe dans son portefeuille et avait réussi, au fil des
années, à devenir un personnage très important dans la vie du Malinwa. Deux
matches ont particulièrement attiré l’oeil des enquêteurs: Antwerp – Eupen et
Malines – Waasland-Beveren, sur lesquels pèsent de lourds soupçons de
falsification.La justice ne s’est pas encore prononcée sur ces faits. Mais elle a déjà sorti
de son chapeau une nouvelle affaire. Une deuxième enquête, indépendante, qui
s’intéresse aux transferts d’Aleksandar Mitrovic et Youri Tielemans
lorsqu’ils ont quitté Anderlecht. Deux autres figures de notre football ont été
citées: Herman Van Holsbeeck (ex-directeur général des Mauves, qui a été
inculpé de corruption, blanchiment d’argent et faux) et Christophe Henrotay (agent
de joueurs réputé, qui devra attendre son extradition pour savoir s’il est
inculpé).Chapitre 1 : Arnaud
Lasne, mercredi 10 octobre 2018, 6h. Une équipe cagoulée et lourdement armée de
la brigade spéciale s’apprête à pénétrer dans une des immenses demeures qui
garnissent cette commune huppée du Brabant wallon. Le propriétaire des lieux
n’est pas n’importe qui. Un certain Arnaud Bayat, dit « Mogi », agent le plus
influent de Belgique. Et personnage central d’une affaire qui va secouer le
football belge.Perquisitionner une telle maison, composée de plus de 50 pièces, constitue un
sacré défi pour les enquêteurs, qui doivent préparer un plan minutieux. Il se
murmure que Bayat dispose d’une « safe room », une pièce secrète où il aurait
le loisir de se réfugier et donc de faire disparaître des documents sensibles. Il
faut donc faire vite, pour qu’il n’ait pas le temps de réagir. Tant pis si cela
nécessite d’y aller en force, quitte à pointer une arme sur Nathalie, son
épouse, devant ses propres enfants… « C’est comme si on était là face à un
dossier de terrorisme », s’indignait alors Me Jean-Philippe Mayence, avocat de
Bayat, dans La DH.L’assaut donné, Bayat est interpellé à 6h02. La perquisition peut commencer.
Les agents ne repartent pas bredouille : 130 boîtes de montres de luxe, 7500 euros
en cash, des piles de documents. Il faudra toute une matinée pour mettre la main
sur ce pactole.En vérité, c’est un gigantesque coup de pied dans la fourmilière qui a été
donné par les enquêteurs ce matin-là. Quarante-quatre perquisitions sont menées
à travers tout le pays, et même à l’étranger. Aucun niveau du monde
footballistique n’y échappe. Des clubs (Anderlecht, Standard, Bruges, Genk, Gand,
Courtrai, Lokeren, …) reçoivent la visite de policiers, des (ex-)dirigeants (Dirk
Huyck, Johan Timmermans, Olivier Somers, Thierry Steenmans…), des agents (Dejan
Veljkovic, Karim Mejjati, Thomas Troch, …), un entraîneur (Ivan Leko), un joueur
(Olivier Myny) et même des arbitres (Bart Vertenten et Sébastien Delferière) et
trois journalistes font partie des personnes interrogées.Chapitre 2 : Le collectionneur
Personnage clivant par excellence, Mogi Bayat est un homme admiré ou détesté. Sa
reconversion en tant qu’agent de joueurs, après avoir officié comme manager
général du Sporting Charleroi, est une incontestable réussite. En ayant toujours
un coup d’avance sur les autres, il a très vite su se rendre indispensable dans
le paysage footballistique belge. Un joueur à recruter? Un autre dont vous voulez
vous débarrasser? Un contrat à renégocier? Il suffit de demander à Mogi, à qui
on a collé l’étiquette d’homme capable de rendre possible les deals
impossibles.L’agent a ses entrées partout, ou presque: à Anderlecht, Gand, Charleroi,
Courtrai… Il s’affiche sur toutes les photos de ses transferts et devance même
certains clubs en annonçant en primeur la signature d’un de ses poulains dans son
nouveau club. Du jamais vu… Ceux qui le côtoient sont unanimes: personne n’est
meilleur que lui en Belgique. Même ceux qui ne sont pas fans du personnage
finissent par se rendre à l’évidence: mieux vaut l’avoir avec que contre soi.Voilà pour le côté pile. Côté face, Bayat est un homme à la réputation
sulfureuse, dont l’ascension fulgurante lui a valu beaucoup de jalousies dans le
milieu. D’autant qu’il n’est pas du genre modeste et qu’il manie parfois
l’art de la provocation. Des agents voient aussi leurs joueurs leur tourner le dos
pour aller toquer à la porte de Mogi afin de faciliter leur transfert. D’autres
sont obligés de passer par lui pour faire rentrer un joueur de leur écurie dans un
club. Le Franco-Iranien a réussi à créer tout un système dans lequel il s’est
rendu indispensable. Forcément, ça en agace plus d’un.A Anderlecht, on dit qu’il possède même son propre bureau au centre
d’entraînement de Neerpede, alors qu’il n’occupe officiellement aucun poste
au sein du club bruxellois.Après son arrestation, il ne suffira que de quelques heures pour qu’il fasse la Une
de tous les journaux. Bayat est rapidement inculpé pour blanchiment et organisation
criminelle. Il est soupçonné par le parquet fédéral d’avoir manipulé le
transfert de plusieurs joueurs, dans le but de maximiser ses profits, au détriment
de l’intérêt des clubs et des joueurs. Avec l’aide de son avocat Laurent Denis
– lui aussi inculpé avec les mêmes chefs et, au passage, déjà impliqué dans
l’affaire Zheyun Ye -, il aurait en fait réussi à mettre en place un système
permettant de cacher ces pratiques aux clubs et aux joueurs avec qui il travaillait.Interrogé, il nie. Tout. Sauf peut-être quelques irrégularités sur la TVA.
“Mon client est collectionneur de boîtes de montres de luxe depuis toujours.
C’est son droit”, répondra à ce sujet Me Jean-Philippe Mayence, son avocat.
Selon ce dernier, toutes les factures de sa comptabilité prouvent qu’il n’a
grugé personne. Ce sera à la justice de se prononcer sur ces faits.Mogi Bayat passera au total 47 jours derrière les barreaux avant d’être libéré
sous conditions, après avoir payé une caution de 150.000 euros. Meurtri par ces
longues journées passées en cellule, l’agent est déterminé à l’idée de
revenir plus fort, comme l’assurait son frère Mehdi à sa sortie. “Mogi veut
rétablir son honneur le plus vite possible”.En toute discrétion, il reprendra même ses affaires dès le mercato de janvier, en
bouclant plusieurs transferts, comme le retour de Kara à Anderlecht. Comme si de
rien n’était. Après tout, pourquoi l’empêcher de faire son métier ?Partie 2
L’affaire des matches truquésChapitre 3 : Le docteur
“Tout est en ordre, la cuisine est commandée”, lance Dejan Veljkovic au bout du
fil. Nous sommes à cinq jours du dernier match de la saison qui doit opposer
Malines à Waasland-Beveren. L’agent serbe est au téléphone avec Thierry
Steenmans, directeur financier du club malinois. Un appel étrange, d’autant
qu’il sort d’une visite auprès de l’entreprise de cuisine tenue par la femme
de Dirk Huyck, le président beverenois. Veljkovic ne le sait pas, mais voilà
plusieurs mois qu’il a été placé sur écoute. Malgré ses précautions, les
enquêteurs ne sont pas dupes et comprennent qu’il a ficelé un arrangement pour
faire gagner Malines, obligé de l’emporter pour se maintenir en Division 1A.
Tarif de la magouille: 200.000 euros, comme Huyck le révélera aux enquêteurs.De leur côté, les agents Walter Mortelmans et Thomas Troch sondent leur client
Olivier Myny, qui joue à Waasland-Beveren. Ce dernier sous-entend qu’en cas de
“bonne” prestation, un contrat attendrait Myny la saison suivante à Malines.
“Tu veux que je frappe au-dessus du ballon?”, demande l’attaquant, sous forme
de boutade. “Peut-être que tu ne devrais pas fêter ça devant eux pendant le
match si tu marques. Et ne te laisse pas tomber dans les dernières minutes”, lui
rétorque Troch.Les enquêteurs n’ont pas dû attendre ces révélations pour avoir de sérieux
doutes sur Veljkovic, qu’ils suivent à la loupe depuis des mois. Au fil des
années, le Serbe est devenu tout-puissant à Malines, bien qu’il n’y occupe
aucune fonction officielle. Cela remonte à l’époque de l’arrivée
d’Aleksandar Jankovic comme coach, en 2014. Son influence et son crédit n’ont
ensuite cessé de grandir Derrière Les Casernes, encore plus depuis qu’il a fait
gagner des millions au club après les ventes d’Ivan Obradovic à Anderlecht
(2015) et de Milos Kosanovic au Standard (2016). A Malines, on préfère du coup
fermer les yeux sur les pratiques parfois limites de l’agent. Ses relations
douteuses avec la direction et ses passe-droits vont néanmoins, lentement mais
sûrement, faire couler le club.Et il n’y a pas qu’avec les Sang et Or qu’il entretient des relations
ambiguës. L’enquête montre que Veljkovic s’est ainsi dangereusement rapproché
de Sébastien Delferière et Bart Vertenten, deux des arbitres les plus respectés
du championnat belge.A Delferière, avec qui il entre en contact “des centaines de fois” selon les
relevés téléphoniques, il parvient à obtenir une belle réduction sur sa future
voiture, grâce à ses bons contacts avec un garagiste alostois. Il lui “offre”
aussi 10.000 euros en cash pour sponsoriser son école de football et ouvre un
compte pour la naissance de son fils avec une provision de 500 euros. Les écoutes
montrent que les deux hommes affichent une proximité étonnante, évoquant des
sujets de la vie de tous les jours. Mais Veljkovic n’oublie pas de demander à son
ami quels sont les matches qu’il doit arbitrer prochainement. On ne sait jamais,
ça peut toujours servir… Les contacts seront subitement moins fréquents à
partir du mois de février, quand l’arbitre voit sa saison se terminer à cause
d’une blessure au ménisque.Avec Vertenten, Veljkovic se montre aussi particulièrement chaleureux. Il invite
celui qu’il surnomme “le docteur” – en référence à sa profession de
radiologue dans un hôpital bruxellois – autour d’une bonne table avec leur
épouse respective. L’enquête montre qu’ils sont en contact avant un Malines –
Charleroi durant lequel un penalty très litigieux sera sifflé contre les Carolos.
“Si on se croise après le match, il vaut mieux faire comme si nous ne nous
connaissions pas”, lui conseille l’agent. “Parfait”, répond l’arbitre.Mais c’est un tumultueux Antwerp – Eupen, arbitré par Bart Vertenten, qui va
mettre le feu aux poudres.Chapitre 4 : La remontada
Le Bosuil est un stade particulier. Quiconque y a déjà mis les pieds peut en
témoigner. Il y règne une ambiance “british” unique en Belgique, avec des
supporters parmi les plus passionnés du pays. Même si elle a été modernisée,
l’enceinte conserve les traces de sa riche histoire.Lorsque l’équipe d’Eupen s’y rend lors de l’avant-dernière journée du
championnat 2017-2018, elle sait qu’elle n’a pas vraiment le droit à
l’erreur. Elle livre un duel à distance avec Malines et Mouscron pour assurer sa
survie parmi l’élite. En face, le matricule 1 est toujours en course pour
accrocher les playoffs 1. Les Anversois sont plus forts sur papier et doivent donc
logiquement l’emporter. Ils vont rapidement ouvrir le score grâce à un tir
croisé imparable de Faris Haroun. La partie bascule définitivement peu avant la
demi-heure de jeu lorsque Valiente accroche Bula. Faute indiscutable. Sans hésiter,
Bart Vertenten indique le point de penalty. La protestation des joueurs
germanophones ne pèse pas bien lourd face aux rires moqueurs qui s’échappent des
tribunes. Et pour cause: tout le stade a bien vu que la faute avait été commise
deux mètres en dehors du rectangle. Mais l’arbitre, appuyé par son assistant qui
ne le corrigera pas, semble soudainement frappé par de graves problèmes de vue.
C’est 2-0 pour l’Antwerp et Eupen ne reviendra plus.Une semaine plus tard vient ce fameux match entre Malines et Waasland-Beveren. Il
faut sortir sa calculette pour savoir qui de Malines ou d’Eupen – qui reçoit
Mouscron, entre-temps sauvé – se sauvera, en fonction de leur résultat. Au coup
d’envoi, la différence de buts plaide en faveur du KaVé (-20 contre -21).A 2-0 pour Malines en deuxième mi-temps, le plan se passe comme prévu par
Veljkovic et certains dirigeants. D’autant que les Pandas sont incapables de
bousculer Mouscron au Kehrweg, où le marquoir affiche toujours 0-0 à vingt minutes
du terme. Eupen doit inscrire trois buts pour se sauver. Impensable. Même face à
une équipe mouscronnoise démobilisée qui n’a plus rien à espérer.Et puis vint l’improbable… 70e minute: Yuta Toyokawa ouvre la marque. 73e
minute: une frappe de Luis Garcia trompe Werner. L’histoire est en train de
basculer. L’équipe de Claude Makelele n’a désormais besoin que d’un seul petit
but, à condition que Malines ne marque plus. Complètement esseulé sur corner,
Toyokawa plante alors sept minutes plus tard son deuxième but du jour pour faire
3-0, suivi d’un troisième après une erreur monumentale de la défense de
Mouscron. Un triplé pour un parfait inconnu qui offre le maintien à Eupen.
Malines, qui suit la rencontre à distance, n’a que ses yeux pour pleurer. Et ne
tarde pas à s’en prendre à Mouscron après cette “remontada” improbable.“Même si nous l’avions emporté 4-0, Eupen aurait gagné 6-0”, fustige Johan
Timmermans, le président malinois. “Toute la Belgique est dégoûtée”, ajoute
Dennis Van Wijk, le coach. “Mouscron n’a pas respecté la Pro League”, estime
quant à lui l’attaquant Nicolas Verdier.Hendrick Van Crombrugge, alors à Eupen, répond aux Malinois le lendemain dans une
interview choc à Sporza. « Il y a des choses qui se sont passées cette semaine
autour du club, c’est surréaliste. Je ne vais pas rentrer dans les détails mais ce
sont des choses qui n’ont pas leur place dans le football. (…) Ceux qui ont voulu
nous faire du mal doivent aujourd’hui baisser les yeux. » On ne le sait pas encore,
mais le Diable Rouge sera le premier à ouvertement parler du Footgate.Chapitre 5 : Le repenti
Quand il est interrogé par les enquêteurs, Dejan Veljkovic, inculpé de
participation à une organisation criminelle, blanchiment et corruption privée, est
aux abois. S’il nie dans un premier temps tout ce dont on le soupçonne, même
s’il reconnaît des problèmes de comptabilité, l’agent se rend vite compte
qu’ils ont “des biscuits”. Il sait que le piège est en train de se refermer sur
lui.On lui propose un deal. Il balance tout en échange du statut de repenti, en vigueur
depuis le mois de septembre et qui n’a encore jamais été accordé dans notre
pays. Un statut qui lui assure une peine moins sévère – il évitera la prison,
disons-le clairement – et qui lui permet d’être libéré sous conditions. Or,
quand on vient de passer 41 jours derrière les barreaux, il y a de quoi
réfléchir.Il lui faudra 96 heures d’audition pour raconter tout ce qu’il sait. Le contenu
de ces révélations est encore aujourd’hui méconnu. On sait toutefois qu’il
expliquera que l’ancien entraîneur de Bruges, Ivan Leko, dont il gère les
intérêts, avait perçu de l’argent sur les transferts de Tomecak, Rits ou
Letica, ainsi que pour aligner certains joueurs. Le coach est d’ailleurs inculpé
pour blanchiment pour ces faits.Le comble, c’est que toutes les manoeuvres de Dejan Veljkovic avec les dirigeants
malinois et beverenois n’auront finalement servi à rien. Malines a bien chuté en
Division 1B. La fameuse victoire d’Eupen, aussi improbable soit-elle,
n’éveillera jamais les suspicions du parquet fédéral. L’Union Belge ouvrira
bien une enquête de son côté, mais le dossier sera classé sans suite.Les carrières de Bart Vertenten et Sébastien Delferrière sont, elles, terminées.
Dans la foulée des révélations, les deux arbitres ont été immédiatement
suspendus et ne siffleront plus jamais le moindre match professionnel.Pour Malines et Waasland-Beveren, les sanctions sportives ne tomberont… jamais. Ou
quasiment. D’abord condamné par le chambre d’appel de la commission des litiges
de la fédération à évoluer en D1B, avec douze points de pénalité malgré son
titre acquis, Malines obtiendra gain de cause devant la CBAS. Le club pourra bien
évoluer parmi l’élite, mais sera privé de Coupe de Belgique – dont il était le
tenant du titre – et d’Europa League. Waasland-Beveren sera blanchi, même si
Olivier Swolfs (directeur financier) et Dirk Huyck (président) ont été suspendus
pour un an pour toutes activités liées au football, de manière effective pour le
premier, avec sursis pour le second.Dans sa justification, la CBAS a tout de même reconnu que Malines avait bien
falsifié la compétition. Mais elle estimait qu’il n’était pas possible de
sanctionner le club alors que la saison où les faits avaient été commis était
terminée depuis plus d’un an. Par contre, Johan Timmermans, président et membre
du conseil d’administration, et Thierry Steenmans, directeur financier, ont été
suspendus dix ans pour toutes activités liées au football. Stefaan Vanroy, le
directeur sportif, écopera lui de sept ans.Placé sous surveillance policière, Veljkovic vit aujourd’hui reclu dans une
villa, dans un lieu tenu secret. Il est aujourd’hui suspendu pendant dix ans de
toutes activités liées au football, en attendant une sanction pénale. Où, grâce
à son statut de repenti, il ne risque désormais plus grand chose…Partie 3
L’affaire Henrotay-Van HolsbeeckChapitre 6 : Monaco
Six mois plus tard, il règne une drôle d’atmosphère après les premières
révélations sur le Footgate. La tempête médiatique est passée. Mogi Bayat
s’affiche parfois tout sourire dans certaines tribunes de Pro League, tandis que
la présence de Dejan Veljkovic à un Anderlecht-Bruges fait couler beaucoup
d’encre, même si le Serbe essaie de se fondre dans la masse.Au fond, on le sent: il va encore se passer quelque chose. Quoi ? Quand ? Comment ?
Et surtout, qui ? Les premières réponses à ces questions tombent le 24 avril
2019, quand des perquisitions sont menées au siège de l’Union belge, ainsi
qu’à Neerpede, au centre d’entraînement d’Anderlecht.Juridiquement parlant, c’est un dossier indépendant du premier, mené par un
autre juge d’instruction. Il concerne des transactions louches sur deux transferts
réalisés par Anderlecht, qui avait envoyé Aleksandar Mitrovic à Newcastle en
2015 (contre 18,5 millions) et Youri Tielemans à Monaco en 2016 (contre 25
millions). Là aussi, des rétrocommissions seraient jugées suspectes.Or, derrière ces deux transferts se cachent deux gros poissons. D’un côté,
l’agent Christophe Henrotay, qui sera arrêté le 11 septembre 2019 à Monaco. De
l’autre, Herman Van Holsbeeck, à l’époque manager général d’Anderlecht,
arrêté le lendemain.Van Holsbeeck n’est pas n’importe qui. En tant que dirigeant du plus grand club
de Belgique, il fut l’un des hommes les plus puissants du football belge pendant
15 ans, entre 2003 et 2018. Au fil des années, il est aussi devenu de plus en plus
proche de Mogi Bayat, une amitié qu’il a toujours assumée. A la fin de son règne,
la plupart des transferts d’Anderlecht étaient d’ailleurs à mettre au crédit
de Mogi Bayat. Quand Marc Coucke a racheté le club bruxellois, il n’a jamais
caché qu’il avait découvert “des cadavres dans les placards”, pour reprendre
ses mots. Il ne lui a fallu que quelques semaines pour virer Van Holsbeeck pour
faute grave, ce que ce dernier conteste devant les tribunaux.Inculpé des chefs de corruption privée, blanchiment, faux et usage de faux et
association de malfaiteurs, l’ex-manager général des Mauves a été libéré
sous conditions après une nuit passée en cellule. On dit qu’il aurait ainsi fait
des aveux partiels et qu’il aurait balancé “du lourd”. Quoi? On finira par le
savoir…16 octobre 2019 à 16h43 #4583Maux ToyModérateurMerci pour cet article
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